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Anglaise tirant à l’arc

Anglaise tirant à l'arcAnonyme

Angleterre

1867

Eau-forte sur papier vélin

Dépôt du musée franco-américain du château de Blérancourt, 1977

Inv. DSa14

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Sur cette eau-forte, une femme s’apprête à décocher une flèche à l’aide d’un arc droit. Derrière elle, une cible se distingue ainsi qu’une femme tenant une ombrelle qui discute avec un archer au repos. Son costume est typique de la mode des années 1864-1865. La jupe, soutenue par une crinoline, est assez volumineuse tandis que le haut de la tenue est cintré avec une poitrine très ronde et une ligne d’épaule basse. Outre son arc, plusieurs accessoires de tir sont à noter : sa main tirant sur la corde est protégée par un gant à trois doigts et son avant-bras par un brassard. Elle porte également une ceinture autour de sa taille, lui permettant de suspendre d’autres accessoires. Cette pratique était courante chez les femmes archers qui, contrairement aux hommes, disposaient de peu de poches sur leur costume. Une structure de lanière est attachée sur la ceinture permettant de lester la jupe et de faciliter le tir. On distingue aussi un carquois rempli et un plumet pour épousseter les pointes des flèches.

Les femmes et le tir à l’arc

Dans la société européenne traditionnelle, il n’est pas courant pour les femmes d’exercer une activité physique, encore moins lorsqu’il s’agit de manier des armes, qui constituent souvent l’apanage des hommes. Seule la dimension de divertissement se trouve tolérée, et encore, uniquement pour quelques activités de jardin pratiquées par l’aristocratie. Les transformations sociales du XIXsiècle conduisent à l’émergence d’une haute bourgeoisie, et avec elle, l’apparition de valeurs et d’un mode de vie nouveaux qui gagnent au cours du siècle toute la société. Les femmes sont généralement reléguées au foyer et dans les Salons, où elles sont tenues de briller. En revanche, elles sont de plus en plus associées à la pratique de loisirs, signes de distinction sociale car généralement coûteux en temps et en espace. Cette mode venue d’Angleterre leur permet de s’adonner à des pratiques de plein air à l’instar du tir à l’arc, perçus comme des activités de détente et pratiquées dans les résidences de campagne, en périphérie des grandes villes. On rapporte que l’Impératrice Eugénie elle-même aimait pratiquer en tirant à l’arbalète dans les jardins du Palais Impérial de Compiègne.

Dès 1908, les femmes sont présentes aux Jeux Olympiques de Londres. Plusieurs figures féminines du tir à l’arc sont de fait restées fameuses, à l’exemple d’Irène Cruypenninck, championne du monde titrée à de multiples reprises originaire de Crépy-en-Valois. À l’heure actuelle, les femmes de l’équipe de France sont bien représentées sur les podiums internationaux, bien que la Fédération cherche encore à encourager le pourcentage de licenciées au sein des clubs.