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Arbalète allemande

Arbalète allemandeAnonyme

Allemagne

XVIIIe siècle

Bois, os, acier, laiton, corde et soie

attribué par l’Office des Biens et Intérêts Privés

Inv. MNR D1953.1.1

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Son arc est en acier, ce qui explique son poids important de 8,6 kg. À l’intérieur de l’arc, nous pouvons deviner une marque de fabrique, « J.E.S.S. », dont nous ignorons pour le moment à quel artisan elle se rapporte.
L’arbalète est particulièrement bien conservée et la finesse de son décor est remarquable. L’arbrier en bois est ainsi incrusté d’os gravé représentant un minutieux quadrillage, des motifs floraux ou encore un masque grotesque.

Les MNR

Cette arbalète fait partie des œuvres spoliées ou supposées spoliées par les Nazis et récupérées en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
N’ayant pas retrouvé son propriétaire à la sortie de la guerre, elle fait partie des 2000 objets qui constituent ce qu’on appelle le fonds « MNR » pour « Musées Nationaux Récupération ». Elle est d’ailleurs l’unique arbalète de ce fonds.
Sur le plan juridique, le statut de « MNR » est très particulier. Ces œuvres n’appartiennent pas à l’État français qui n’en est que le détenteur provisoire, dans l’attente d’une restitution éventuelle à leur propriétaire spolié (ou plus souvent leurs descendants).
Pour permettre une éventuelle reconnaissance par leurs propriétaires légitimes, elles doivent être exposées en permanence au public avec une mention permettant leur identification comme « MNR ».

Le long voyage de cette arbalète allemande

L’arbalète n’est plus utilisée depuis longtemps mais son histoire récente est particulièrement mouvementée !
Depuis 1944, cette œuvre a beaucoup voyagé. Elle appartenait alors à Charles Michel, domicilié au 11, Boulevard de La tour Maubourg. En juillet 1944, elle quitte illégalement la France dans un convoi de 35 caisses pour arriver à Linz (Autriche) où elle est transportée dans la caisse HR 26. Elle arrive ensuite à l’abbaye de Saint-Florian, en Haute-Autriche, où elle est inscrite sur la liste des objets déballés sous le numéro 59. Cette abbaye a été réquisitionnée dès janvier 1941 par la Rundfunk (compagnie de radiodiffusion du IIIe Reich). L’arbalète revient ensuite à Paris le 20 juin 1946 où elle est inscrite sur les inventaires des « MNR ». Après avoir été prise en charge par la direction des musées de France, elle est confiée en 1951 au département des objets d’art du Musée du Louvre.
En 1953, après avoir été déposée un temps au Château de Compiègne, elle est transférée le 26 mai au Musée de l’archerie et du Valois.